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L'Eclair et la Lanterne

Une étudiante de 40 ans à Paris qui aime écrire. Sauf mention contraire, toutes les photos sont de l'auteur.

Aujourd'hui clé

J'ai emprunté récemment à la BnF un exemplaire de Mémoires sur les sciences occultes d'Arthur Schopenhauer. Je suis tombée dessus par hasard et j'ignorais que de grands penseurs, du genre sérieux, s'étaient penchés sur le sujet.

Je n'en suis pour l'instant qu'au premier chapitre, intitulé Magnétisme animal et magie. Ce qu'on appelait à l'époque "magnétisme animal" concerne des phénomènes comme la guérison par imposition des mains ou l'hypnose. Schopenhauer a fait les mêmes observations que moi : dans certains cas, cela fonctionne.

Dans mon cas, alors que j'étais soignée par radiothérapie, j'étais allée consulter une "coupeuse de feu", qui avait effectivement empêché ma peau de brûler en traçant des croix sur mon corps avec son pouce humecté de salive. La radiologue qui me suivait n'en était pas si étonnée ; elle savait que cela existait. Par ailleurs, j'ai commencé la divination à 16 ans avec une de mes tantes et c'est un art que je pratique encore aujourd'hui. Je sais également que mon père parvient à manier une baguette de sourcier, ce qui avait amusé tout le quartier le jour où nos voisins s'y étaient mis par jeu.

La seule question étant : comment ça marche ? Les Français et les Anglais ont réfuté directement l'idée de 'magie' sans la soumettre à des expériences, c'est-à-dire qu'ils n'ont cherché à expliquer le monde que par la physique pratique alors que de toute évidence, il existe aussi une métaphysique pratique, où gravitent, il est vrai, un très grand nombre de charlatans. En revanche, les Allemands, comme Kant avant lui et Nietzsche après lui, s'y sont intéressés.

Pour Kant, notamment, la "façon de sentir" est essentielle pour expliquer ce que l'on ne comprend pas, comme par exemple les choses en soi (alors que les phénomènes, soumis aux lois de la physique, sont accessibles à nos cinq sens). Il faut juste savoir sentir avec objectivité. Schopenhauer fait l'hypothèse d'un lien immédiat possible entre les deux choses en soi (les deux natures, en fait, ou essences) que sont le guérisseur et le patient ; elles agiraient alors sur l'intérieur l'une de l'autre par le biais de la volonté. Quand on sait qu'il a écrit Le monde comme volonté et comme représentation, on mesure l'importance de ces conclusions...-clés dans l'histoire de sa pensée.

Le physique, par exemple la main du guérisseur, serait le véhicule du métaphysique, à savoir sa volonté de guérir. Cette volonté commune au guérisseur et au patient serait le principe "magique" permettant effectivement la guérison (ou de lire l'avenir de quelqu'un, dans le cas des cartes, ou d'hypnotiser quelqu'un). Bref, la volonté pure serait une sorte de fluide efficace si bien partagé et bien dirigé. Je partage ce sentiment. Il évoque même une "communauté de volontés" possible qui ressemble assez fort à l'advaita (non-dualisme) indien, sachant que chez lui volonté = être.

J'en suis arrivée au but historique de la magie, qui était de diriger les dieux et démons à volonté - très utilisée dans les polythéismes, évidemment réprouvée dans les monothéismes, où on n'obéit qu'à un seul dieu. Aurait-il lu le Rig-Véda, où cela est expliqué noir sur blanc ? Quoi qu'il en soit, je trouve le sujet passionnant et je n'ai pas fini d'explorer son ouvrage.

Je vous laisse avec le tirage de cartes effectué pour cet article : d'une manière générale, je trouve leur polysémie très plaisante !

 

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