Aujourd'hui on conserve

Je me remets à cette Histoire du Singe et du Crocodile, en me demandant si Sumati (le singe) arrivera à se tirer des griffes du saurien, et surtout à soustraire son coeur aux appétits de sa femme.

Il s'avère qu'il n'ira pas jusque-là : dupé par le crocodile au point d'accepter un dîner chez lui, il réalise son erreur en plein milieu de la rivière et demande à être reconduit sur la berge, car il "conserve son coeur au creux d'un arbre". Le crocodile accepte et, d'une réplique bien sentie, Sumati l'envoie paître avec sa femme, du haut de son arbre chéri.

D'où l'origine, peut-être, des "larmes de crocodile" et de "malin comme un singe". Cette symbolique semble être la même en Orient et en Occident, confirmant au passage les thèses de Michael Witzel, partisan d'une origine unique à tous les mythes humains.

Dans son corrigé, notre enseignante nous apprend qu'il s'agit là d'un Jataka, une histoire des vies antérieures du Bouddha, où celui-ci est incarné par le singe, et son disciple Devadatta, futur dissident, par le crocodile. S'agit-il là de la version la plus ancienne de cette histoire, ou les bouddhistes ont-ils récupéré un conte populaire ? Y en a-t-il un semblable dans les fables d'Esope, par exemple ? Bref, d'où vient-il exactement ? Il faudrait que je me renseigne.

On appréciera également la poésie du coeur conservé au creux de l'arbre. Les écolos pourraient même en tirer un slogan !